Au loin, des étranges oiseaux crient leurs désespoirs dans les cieux. On aurait pu croire qu'il s’agisse là de mouette désœuvrer mais leurs plumes semblent faite de la nuit même, ne laissant que des frissons à ceux qui posent le regard dessus. L'homme-chèvre ne peut retenir un tremblement d'appréhension alors que les nuages s'écartent dans le ciel pour que la lune apparaisse au-dessus de cette étrange île. L'ambiance est lugubre, pas de doute là-dessus. Un brouillard semblable à de la poix flotte au-dessus des flots, remplissant quasiment tout champ de vision à hauteur d'homme. Le phénomène métrologique semble avoir des mains, des doigts qui viennent encercler les chevilles puis les corps de tous ceux qui osent s'aventurer en son territoire. Un nouveau tremblement prend le corsaire.
-Cet endroit me donne la chair de poule...Devant le bastingage, l'ancre du navire bien accroché au fond marin, il ne reste plus qu'à accéder à la terre rocheuse. Pourtant, le caprin retarde l’inévitable. Il sait qu'il doit aller accoster l'île pour refaire ses stocks de vivre mais l'envie est loin de l'emporter sur la nécessité. Puis, d'un soupir il rend les armes et envoie les petites chaloupes emmener ses hommes et lui sur la terre inconnue. Des jours plus tôt, lui et Joe avait combattu Ryuk, un rookie qui prenait de plus en plus d'ampleur. À ce moment, tout semblait plus ou moins bien allez. Il avait retrouvé son ancien ami, pouvait se battre avec la bénédiction du conseil... Mais la réalité rattrape toujours les pauvres hères. Sur Grand Line, la réalité pouvait vous tuer en quelques secondes si vous n'y faisiez pas attention.
Des années ont passé depuis son premier voyage sur la route de tous les périls. Alors, c'était lui le rookie, prenant de plus en plus d'ampleur. Mais déjà, la réalité l'avait rattrapé, l'envoyant au fond d'un cachot. À peine le temps d'avoir fait un allez dans le « cimetière des pirates » comme Grand Line était appelée parfois. La faute à ces îles où il faut attendre des semaines voir des mois avant de passer à la suivante. Depuis son intégration au corps des corsaires, Francisco naviguait de nouveau sur cette voie. À dire vrai, il continuait tout simplement son exploration de ces eaux dangereuses et ces îles étranges. Comme celle où il venait de poser le pied. Même maintenant, après des années de piraterie et de service en tant que corsaire, il s'étonne toujours du nombre île sur laquelle il n'a jamais mis les pieds. Ho bien sûrs, il aurait pu se renseigner et chercher à tout connaître sur les lopins de terre qui parcourent son chemin. Parfois il le faisait, généralement pour évaluer la distance et le nombre de stocks. Le reste, il préférait garder la surprise lors de l'arrivée. En ce jour-ci, il souhaitait ardemment s'être mieux renseigné.
Le caprin se prit la tête dans une main, une plainte s'échappant de ses lèvres. Non loin, Léo s'occupait d'arrimer les chaloupes tandis que Koh grognait d'avoir mis les pieds dans l'eau et qu'il n'aimait pas ça. Le géant vert avait simplement grogné mais ceci est la version littéraire. Restait enfin le vieux Joe. C'est d'ailleurs vers ce dernier que se retournât Francisco.
-Déjà venue ici l'ancien ?En vieux loups de mer, le papy pervers avait généralement plus d’expérience que le reste de l'équipage réunit. Parfois pourtant, il avait la connaissance d'un enfant. Encore une fois, les mystères de Grand Line sont presque sans limite. Il faudrait probablement des dizaines de vies pour tous les découvrir. Dans tous les cas, devant eux la plage devenait rapidement une espèce de montagne gorgée de caverne. L'homme-chèvre aurait préféré tourner les sabots et fuir cet endroit inhospitalier mais Léo partait tapoter la roche du bout des doigts. Il était le charpentier du navire mais, à défaut d'avoir quelqu'un si connaissant dans les autres matériaux, l'Arkham lui refilait la plupart du temps toute question un tant soit peu scientifique. En l’occurrence, est-ce que c'est solide ? Est-ce qu'on peut le couper ? Oui car pour un bûcheron, il y a peu de question à se poser au final, quel que soit le matériau... Son capitaine leva la main pour l’empêcher d’aller plus loin dans ses investigations et rameuter tout le monde sur le navire quand la colère décida de se manifester à son tour.
-Gumph ! Il y a qu'à aller dedans ! On verra bien après ce qu'il s 'passe .Et sur ces paroles, le géant vert partit d'un pas rageur, son pas habituel. Francisco le trouvait pourtant étrangement calme comme cette longue phrase qu'il venait de prononcer, loin d'être le style habituel du grogneur de l'équipage. Apparemment c'était l'homme-chèvre qui avait eu le rôle.
-Moi j'aime pas cette île. Il fait froid, moche, les oiseaux sont terrifiants et en plus, en plus... y a aucune herbe comestible dans le coin !Car le shishibukai avait agrippé quelques brins d'herbe s'échappant du sol rocailleux, les humant avec circonspection que pour mieux les rejeter une grimace de dégoût sur le visage.