Orange Town . Ville plus calme, tu meurs. Il y a de ça quarante ans, des pirates ont ravagé le petit patelin de deux cents âmes. Depuis, les survivants reconstruisent lentement mais sûrement. Comment je le savais ? Simple, à peine arrivé sur l'île, légèrement perdue pour pas dire complètement paumé, j'avais demandé la route au premier pecnot venue. Et par toute, j'entends taverne. Faut dire que la réputation du saké de l'île avait dépassé et de loin les frontières terrestre. Ayant quelques pièces en poches, j'avais donc décidés de tout dépenser pour goûter tout ça.
Orange Town. Drôle de nom pour un lieu qui n'avait ni la couleur, ni le fruit du même nom. Un lieu de merde quoi. Un truc totalement illogique. Qui ? QUI appelait sa ville sans aucun rapport avec la cité ? Grognant, rageant, je m'étais donc dirigé vers la taverne à grandes enjambées énervées. À peine rentrer dans le bistro, je jetais des regards noirs à tout le monde. Lourdement, je me laissais tomber sur l'un des tabourets devant le bar. Tranquillement, c'est-à-dire par bouteille entière, je m'enfilai tout le saké dans le gosier. Une bouteille à la main, toujours prêt de ma petite bouche, je dégustais de larges parts de tarte dans l'autre. Des tartes à la myrtille parce que ça serait trop simple si cette taverne miteuse possédait un produisent en rapport avec le nom de l'île hein....
Aussi dégustais-je et buvais-je tout mon soûl. Mes joues ne tardèrent pas à prendre une teinte rosâtre tout comme mon équilibre se faire la malle. Je faisais de plus en plus de bruit, ne prenant aucune précaution dans le genre manger proprement ou avec dignité. Ma voix s’éleva bientôt plus forte que tout le monde dans la baraque, atteignant même le second étage plus tamisé. Je rigolais et insultais à tour de bras gueulant contre l'hérésie que représentait cette île absurde à mes yeux.
Jusqu'au moment où je posai les yeux sur lui. D'abord de manière assez floue, ma vision se fixa sur les teintes vertes de sa chevelure. Lui mangeait proprement, fourchette, couteau, serviette et tout le tralala. Autant dire que tout de suite ça m'a foutu les nerfs tout de suite.
-Tu te fous de moi ? Tu te crois supérieur ?Je m'étais rapproché, me laissant à moitié tomber sur le bar de bois, glissant pour l'autre moitié. Un bras recourbé pour soutenir ma tête lourde, je faisais une tête typique de l'être humain alcoolisée. La bouche pâteuse, je mangeais une bonne part de mes paroles et ne regardais même pas droit vers mon interlocuteur.
-Hey. Hey toi. Ho !Peut-être n'avait-il pas compris que je lui parlais. Pour m'en assurer, je levais un doigt légèrement tremblant et l'enfonçais avec insistance à plusieurs reprises dans l'épaule de l'algue vivante.
-Je disais, tu t'fous de moi ? 'Culé !Pendant un instant, je remontais mon corps vers une stature plus adéquate. Avec l'alcool mes gestes étaient plus larges et beaucoup moins contrôlés si bien que je manquais de tomber de l'autre côté de mon tabouret.
-Ouais, ouais c'est ça. La prochaine fois je prends ta fourchette et je te la fous dans l’œil. Ouais. Comme ça.Fier de moi et ma menace, incapable de saisir la portée de la situation, j'éclatais alors de rire, projetant de nombreux postillons sur les serveurs de l'autre côté du Bar. Sous le coup de l'alcool je n'avais même pas réalisé si le truc vert avait répondu ou pas. J'étais dans un monde de sakés et de tarte à la myrtille. Le reste, je leur crachais dessus. Littéralement voyait les quelques gouttes sur le serveur qui n'osait faire un geste pour s'essuyer....